Stop expulsions ! Go réquisitions !

Appel à Manifestation le 23 mars à 15h30
Devant le squat évacué de 1 place Sadi Carnot

À quelques jours de la fin de la trêve hivernale nous, squatteuses, précaires, hébergées du 115, solidaires, prendront la rue pour dénoncer une fois de plus la situation catastrophique de Marseille en matière de logement et demander à la Mairie la réquisition des logements vides . Nous partirons de la place Sadi Carnot, squat symbolique dans lequel plusieurs d’entre nous ont vécu et qui est aujourd’hui vide, expulsé depuis un an et sans projet, alors que ces propriétaires avaient eu l’audace de demander une expulsion en urgence du bâtiment pour des travaux inexistants ! Nous marcherons jusqu’aux Réformés afin de retrouver la mobilisation contre le SIAO et le 115 qui s’y tiendra.

La deuxième ville de France n’a pas à être fière : Au dernier comptage, 14 000 personnes étaient à la rue. Et 30 000 logements sont vides ! Pourtant on ne cesse de nous répéter qu’il n’y a pas de places. Pas de place au 115. Seuls 0.4% des appels au 115 aboutissent à une place en hébergement d’urgence et ce chiffre risque d’empirer avec la suppression de 700 places en 2022.
Pas de place en CADA ou en foyer. Les personnes qui en font la demande attendent des mois sans solutions et celles et ceux qui y sont peuvent parfois en être expulsé sans délai raisonnable pour pouvoir rebondir.
Pas de place en logement social. Il y a une véritable inégalité d’accès au logement selon la situation administrative. Et si depuis peu les DAHO (Droit A l’Hébergement Opposable) aboutissent enfin, c’est un parcours du combattant de déposer un dossier, le système est bouché. Et la situation va s’aggraver dans les prochaines années avec la signature des conventions ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine).
Pas de place pour les mineurs non-accompagnés « déminorisés » en recours. Aucun dispositif n’est prévu pour héberger ces jeunes entre leur remise à la rue par l’aide sociale à l’enfance (ASE) et la décision finale du juge des enfants, souvent en leur faveur.

De nombreuses personnes n’ont d’autres solutions que de faire confiance à des marchands de sommeil. D’autres occupent des bâtiments vides. On dénombre entre 5 000 et 9 000 personnes
qui vivent en squat à Marseille, dans des squats gratuits ou payants.

Nous sommes fatiguées de voir les portes anti-squat des immeubles vides à Marseille, parce que leurs propriétaires spéculent en toute impunité ! Nous sommes fatiguées de constater l’inaction des pouvoirs publics malgré nos nombreuses alertes !

Alors que nous subissons une répression croissante entre les arrêtés d’expulsion démultipliés ces dernières semaines et leur mise en oeuvre imprévisible, rapide et parfois dangereuse de la police. La Mairie avait pourtant fait de belles promesses en 2020, dans son programme, page 9 « Le printemps Marseillais s’engage à : Identifier, remettre en location ou aider à la remise en location des logements vides, sous peine de mise en oeuvre des procédures légales de réquisition (plus de 30 000 logements vacants à Marseille) »

Nous demandons à la Mairie de Marseille l’arrêt des expulsions locatives et des squats sans relogement digne. Depuis des années nous occupons des bâtiments vides, mais souvent ces solutions sont précaires et la menace d’expulsion violente et humiliante est bien réelle. Et quand nous nous faisons expulser, si par miracle nous sommes relogées, les conditions sont si indignes que nous finissons par squatter à nouveau. Les personnes hébergées en hôtel dénoncent l’absence de dignité de leur situation : pas de cuisine, des punaises de lit, la sur occupation des chambres, et la peur d’être remises à la rue du jour au lendemain.

Nous demandons à la Mairie de reconnaître l’État d’urgence du Logement à Marseille et de réquisitionner les bâtiments vacants appartenant à des collectivités locales, à des administrations, à l’état, à des banques, à des compagnies d’assurance, à de gros propriétaires, à des professionnels de
l’immobilier. Cela afin que chaque personne en faisant la demande puisse avoir accès à un toit. La plupart d’entre nous accepterait de payer un prix légitime : les charges d’énergie et une participation pour l’entretien de la maison, malgré le fait que l’État français ne nous laisse pas travailler.
L’arrivée de réfugiées ukrainiennes repose dans le débat public la question de ce pouvoir de réquisition. Nous nous en félicitons. Nous attendons un geste exemplaire, pour toutes, quelque que soit sa situation administrative, familiale et quelque soit son pays d’origine !

Nous demandons à la Marie de Marseille la réquisition des bâtiments vides. La fin de la trêve hivernale est comme chaque année source d’angoisse quand à nos foyers, la scolarisation de nos enfants. Mais nous sommes prêtes à nous battre. Nous voulons conserver les bâtiments que nous occupons actuellement, parce que nous savons que la plupart d’entre eux vont à nouveau être vides pendant des années après notre expulsion et que ça n’a pas de sens.

Nous demandons à la Mairie la réquisition des bâtiments vides, mais si elle continue à ne pas répondre, nous réquisitionnerons nous même ces bâtiments vides ! Il en va de notre dignité

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ENGLISH VERSION

Few days before the end of the winter break, we, squatters, precarious, housed at 115, or solidarians, will take the street once again to denounce the catastrophic housing situation in Marseille and ask the City council to requisition empty houses. We will walk to les Réformés church to meet the mobilization against the SIAO and the 115 which will take place here.

We will leave from place Sadi Carnot, a symbolic squat in which several of us lived. We have been evicted a year ago without real project. This place is still empty today, although the landlords dared to ask for an emergency eviction of the building without any construction work !

Regarding housing, France’s second city (Marseille), has nothing to be proud of : On the last count, 14,000 people are homeless. And 30,000 houses are empty ! Yet we are constantly told that there is no room.
No room at 115. Only 0.4% of the calls to 115 end up to a placement in emergency accommodation and this number is likely to increase with the removal of 700 places in 2022.
No room in C.A.D.A. (Asylum seeker hostels) or in worker hostels. The people who request it wait for months without solutions. And ones who are there can sometimes be evicted without reasonable notice.
No room in social housing. There is a real housing access inequality regarding the administrative situation of the applicant. And if recently the D.A.H.O. requests (Enforceable right to accommodation) finally succeeded, it is a struggle to submit a file, the system is clogged. And the situation will worsen with the signing of the A.N.R.U. (National agency for urban renovation) conventions.
No place for unaccompanied minors « demineorized » in appeal. There is no solution for housing these young people between their return to the street by Aide sociale à l’Enfance (ASE) and the final decision of the judge, often in their favour.

Many people have no other choice than trusting slumlords. Others occupy empty place. There are between 5,000 and 9,000 people who live in squats in Marseille, either in free or paying squats.

We are tired of seeing the anti-squat doors of empty buildings in Marseille, because the landlords speculate with impunity. We are tired of seeing the inaction of the public authorities despite our many alerts !

While we undergo an increasing repression between the expulsion orders multiplied these last weeks and their unpredictable, fast and sometimes dangerous enforcement from the police. The City council had however made great promises in 2020. Page 9 of its program :states : « Le Printemps Marseillais is committed to identify, re-rent or help to rerent empty housing, under the penalty of implementing procedures legal requisition (over 30,000 vacant homes in Marseille) »

We request Marseille City council to stop to evict squats and rentals without proper rehousing. We have been living in empty building for years, but most of the time those solutions are very precarious and the threat of violent and humiliating evictions is real. And when we do get evicted, if by miracle we are rehoused, the living conditions are so unrighteous that we end up going back to squatting.People housed in hotels condemn the shameful conditions they live in : no kitchen, bedbugs, overcrowded rooms, and the fear of the lost of their precarious accommodation overnight.
We request Marseille Council to recognize State of Emergency concerning Housing in Marseille, and to start requisitioning vacant building owned by local authorities, administrations, the French State, banks, insurance companies, large landowner and real estate professionals. Every person who apply should get access to a roof. Most of us are willing to pay a rightful price for water and electricity as well as a participation for house maintenance, even though the French State wont let us work.
With the Ukranians refugees arriving, the question of requisition is put back in the public debate. We welcome this attention. We are waiting for an exemplary gesture, for everybody, no matter their administrative or marital situation, and no matter their country of origin !
We request City council to do requisition of empty buildings. The end of winter break is, as every year, a source of many anxieties concerning our household and our children’s education. We wish to stay in the buildings in which we are currently living, because we know that most of them will be empty again for years after our eviction and it does not make any sense.

We request Marseille City Counciln requisition of empty buildings, but if they keep ignoring us, we will requisition those buildings by ourselves ! Our dignity is at stake !