Face au « piège Dublin » et à la mort programmée de l’asile en Europe

L’arrivée massive depuis 2015 de personnes fuyant les conflits a permis une accélération fulgurante des politiques répressives déjà entamées par les précédents gouvernements en matière d’immigration. Les orientations récentes élaborées pour résoudre cette « crise migratoire » vont toutes dans le même sens : renforcer le contrôle des frontières et restreindre les possibilités de résider légalement en Europe. Moins d’accueil pour plus d’expulsions !

Une politique de rejet délibérée
La soi-disante volonté politique de résoudre ce « drame humanitaire » est mise à mal dans les faits, car si le désastre engendré par les guerres et la misère économique trouvent des causes diverses et souvent complexes, celui qui a lieu au sein de l’Europe est bien la conséquence directe de choix privilégiant le rejet à l’accueil. Nous pouvons ainsi rapidement prendre pour exemples :
– les accords signés avec la Turquie en mars 2016 directement responsables du maintien forcé de près de 15 000 personnes sur les îles grecques et par répercussion en Turquie et dans d’autres pays [1] ; et le rapport d’étape du 6 septembre 2017 préconisant l’augmentation des capacités de détention et des mesures de fichages en même temps que la limitation des possibilités de recours juridiques [2],
– la procédure de relocalisation des personnes bloquées en Grèce et en Italie se terminant le 26 septembre 2017 qui n’a permis en deux ans qu’à environ 29 000 personnes sur les 160 000 initialement annoncées de déposer une demande d’asile dans un pays européen moins surchargé, de nombreux états refusant cette prise en charge [3],
– l’adoption le 28 juillet 2017 d’un programme destiné à renforcer les capacités de contrôle des autorités libyennes en matière de migration et ayant pour effet de laisser aux milices locales le soin de refouler et de torturer les candidats au passage [4] ; ainsi que la mise au ban des organisations de sauvetage en méditerranée cet été [5],
– le projet souhaité par les chefs de gouvernement de l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne, réunis le 28 août 2017, de créer des centres de tri directement dans les pays de provenance et faisant miroiter la possibilité pourtant illusoire d’accéder légalement à partir de ces centres en Europe [6],
– le projet émis par la commission européenne le 27 septembre 2017 prévoyant le renforcement de la durée légale des contrôles au sein de l’espace Schengen pour une durée allant jusqu’à trois ans [7], ainsi qu’une intensification des efforts pour effectuer le retour dans leur pays de 1,5 millions de personnes dans un futur proche [8],
– le projet de loi sur la sécurité intérieure française adopté le 3 octobre 2017 par l’assemblée nationale qui permettra des contrôles d’identités sans motif (légalisation des contrôles au faciès), leur élargissement « aux abords » de 373 gares, ports et aéroports, ainsi que dans un rayon de 20 km autour des 118 points de passages frontaliers [9].
– le projet de loi sur l’immigration qui sera présenté le 12 octobre 2017 par le gouvernement français qui prévoit notamment un doublement de la durée de rétention administrative (soit 90 jours) et une hausse des expulsions dans les pays européens où un premier enregistrement des personnes a été effectué (règlement Dublin) [10].
La prolifération des barrières matérielles et la militarisation des frontières, l’accroissement des capacités d’enfermement et la criminalisation des sans papiers, ainsi que le durcissement des procédures légales sont les mesures bien réelles adoptées au sein de chaque état de l’Union européenne [11].

Le « piège Dublin »
En plus de cela, le mécanisme de tri et de renvoi est complété par l’application du règlement Dublin conçu pour empêcher les personnes de demander l’asile dans le pays de leur choix et pour les contraindre à le faire dans ceux où leur expulsion sera facilitée. C’est par exemple le cas de la Norvège ou de la Suède qui renvoient les personnes de nationalité Afghane dans leur pays ou celui de l’Italie vers le Soudan. Ce règlement, qui sera certainement durci dans sa quatrième version [12], est l’un des principaux obstacles juridiques rencontré actuellement par les demandeurs d’asile.
En effet, toute personne passant par les hotspots de Grèce et d’Italie est dorénavant systématiquement fichée et les dispositifs de renvoi sont maintenant pleinement fonctionnels. C’est le cas en France avec la mise en place d’un système de « camps en cascades » permettant de contourner le droit commun. Au lieu d’une procédure « habituelle », c’est un dispositif d’urgence expéditif qui prend le relai. Les personnes présentes dans les camps à Paris sont placées dans les CAO (Centre d’accueil et d’orientation) en province, puis transférées dans les PRAHDA (Programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) pour être finalement conduites dans les aéroports… Chaque étape mène à une restriction des droits et des possibilités d’y faire face, chaque étape concrétise un peu plus le passage de l’accueil vers celui de la détention.
La problématique des renvois en Italie qui concernent une majorité de personnes est aujourd’hui de plus en plus accrue, avec notamment : la remise à l’aéroport d’une interdiction de territoire Schengen très contraignante, les renvois dans les camps du sud du pays où il est de plus en plus difficile d’en sortir, une détérioration constante de la prise en charge liée à des procédures plus strictes et des moyens insuffisants. L’annonce de l’ouverture d’une quinzaine de nouveaux centres de rétention (Centres de permanence pour le rapatriement) dans ce pays ne peut que présager une augmentation des expulsions aux dépens des régularisations.
Face à cette politique de rejet, il est urgent de s’organiser à l’intérieur et à l’extérieur de ces centres de tri et de ces camps qui ne laissent le choix qu’entre l’expulsion ou la clandestinité. Des luttes doivent être menées conjointement afin de créer un rapport de force conséquent et d’affirmer notre opposition à toute violation de la liberté de circulation.

STOP DUBLIN ! STOP EXPULSIONS !

Une rentrée pour les migrants… Une rentrée pour tous ? – 20 septembre, 17h sur la Canebiere

Mercredi 20 septembre, 17h :

COURS GéANT de Français Langue Étrangère

au Square Léon Blum, aux Mobiles (kiosque haut de Canebière)

13001 MARSEILLE

Des professionnel.le.s, des bénévoles, des migrant.e.s, des militant.e.s, des citoyen.ne.s se mobilisent

  • contre la diminution de l’offre de cours de français

  • contre la restriction des conditions d’entrée dans ces formations

Un constat alarmant

Des milliers de gens se trouvent sur le territoire français sans maîtriser la langue : étranger.e.s migrant.e.s, avec ou sans papiers, récemment réfugié.e.s ou installé.e.s en France de longue date… c’est toute une partie de la population vivant en France qui n’a pas accès à des cours. Cette réalité est mal connue, précisément parce que ceux et celles qui sont réduits au silence ne peuvent se faire entendre.

L’insuffisance des structures existantes est criante, et ce sont les moyens d’action de ces structures que l’on veut encore réduire, réduction qui s’accompagnera d’une diminution des emplois dans ce secteur malgré les besoins énormes :

  • Février 2017 : la Région PACA, qui a en charge la formation des adultes, a décidé d’arrêter le dispositif de formation ETAPS (accès aux premiers savoirs), arrêt définitif des cours au 31 août 2017.

  • 73 % d’offre de formation en moins pour l’accès aux compétences de base !

  • 800 emplois directement menacés !

  • Des milliers de gens exclus de toute formation !

  • Depuis 2015, la modification des conditions d’attribution des subventions remet en cause le principe d’accueil inconditionnel : les formations ne sont financées que pour les personnes arrivées depuis moins de 5 ans (en situation légale), d’un pays hors Union Européenne… et cela ne concerne pas les Demandeurs d’Asile ! En 2016, la Région avait débloqué pour cette dernière catégorie une enveloppe exceptionnelle… qui vient d’être supprimée !

L’accès au français et aux savoirs de bases devrait être un droit

Les conseillers en insertion ne savent plus où orienter le public qu’ils accompagnent, faute d’offres de formation adaptées. D’autres personnes ne correspondent pas aux catégories administratives prévues et sont de fait laissées de côté.

Plusieurs associations tentent de répondre à des situations d’urgence par un travail bénévole. Avec des moyens dérisoires, elles font face à des besoins immenses et non recensés.

Sourd et aveugle, l’État ne veut pas entendre, ne veut pas voir cette situation qui est un des aspects de la question que posent les migrants à notre société, et plus largement, qui met en jeu l’équité et la justice dont est capable notre société. La question de l’enseignement de la langue ne se réduit pas à la seule question migratoire : ce sont des milliers de citoyens français qui n’ont pas accès aux savoirs de base, dont la maîtrise de la langue est une composante essentielle.

Crispés face à la question migratoire, les pouvoirs publics entretiennent des contradictions : d’un côté, ils réduisent les moyens alloués à l’acquisition de la langue, de l’autre ils exigent de plus en plus de l’étranger qu’il apprenne la langue (papiers conditionnés à un niveau de langue, en particulier pour la carte de séjour de 10 ans à partir de mars 2018).

L’insuffisance des moyens – la question économique – est prétexte pour reléguer, isoler, bâillonner. Mais où est l’intérêt collectif ?

Et quel modèle sommes-nous capables de défendre si nous acceptons de laisser une partie d’entre nous silencieux et sans défense ?

On demande aux gens de se conformer à une loi rédigée dans une langue qu’ils ne peuvent pas comprendre : avoir accès à la langue, c’est la possibilité de parler, de communiquer, et aussi d’expliquer, de s’expliquer, de se défendre. Nous entendons lutter pour un droit à l’auto-défense linguistique.

Ne pas avoir accès à la langue, c’est être emmuré dans un double exil, dans l’impossibilité d’habiter pleinement le lieu où l’on est : une prison, où l’on dépend totalement des autres. Nous entendons lutter pour un droit à l’autonomie linguistique.

Pour un droit à l’autonomie, à l’accès au droit par la langue !

Pour un rétablissement de financements dignes dans le cadre d’une politique cohérente et volontaire !

Pour une offre de formation ouverte à tou.te.s, qui participe, sans faux-semblant, à une véritable lutte contre l’exclusion !

Le Collectif Soutien Migrants 13/ El Manba,

https://www.facebook.com/collectifmigrants13/

Le Réseau Langue Marseille,

Le Collectif FLE Marseille Sud Est,

http://collectif-fle-marseille.over-blog.com/

et des professionnels, des bénévoles, des migrants, des militants, des citoyens…

Cinéma et Débat : MigrantEs en Méditerranée – 20/09 @ Equitable Café

Après le cours GEANT de Français Langue Etrangère au square des Réformés proposé par Le Collectif du français pour toutes et tousà 17h ce mercredi 20 septembre…
Le groupe ciné-programmation de l’Equitable Café invite le nécessaire collectif Soutien Migrants 13 pour une carte blanche, sous la forme de deux projections… suivies du témoignage de Harri, et d’un débat où nous pourrons échanger sur les moyens d’agir, concrètement, à Marseille en solidarité avec celles et ceux qui ont le tort de ne pas avoir de papiers, la situation du collectif et l’actualité de la « question migratoire » (terme douteux employé par nos gestionnaires politiques… comme s’il ne s’agissait pas d’êtres humains) en PACA notamment…

 

 

 

Appel à mobilisation contre les expulsions et l’isolement

 Contre les expulsions, brisons l’isolement !

La machine à expulser devient de plus en plus organisée:

La prise d’empreintes violente et forcée qui est imposée dans les « pays d’entrée » en Europe coupe de fait l’accès aux droit des demandeurs d’asile.
Depuis 2016, l’utilisation de la force lors de la prise d’empreintes des personnes migrantes, dans les territoires aux frontières internes de l’Europe (Italie, Hongrie, Grèce, …)  devient quotidienne. Du fait du Règlement Européen Dublin III, qui prévoit le renvoi des migrant-e-s vers les premiers pays d’Europe où ils et elles ont été enregistré-e-s, cette pratique de fichage forcé empêche les personnes fuyant guerres et dictatures de pouvoir déposer une demande d’asile dans le pays de leur choix. En effet, les renvois des personnes dans les pays dits « d’entrée » deviennent désormais systématiques en France. Cette situation laisse nombre de personnes dans des conditions de vie insupportables, quand elles ne vire pas au cauchemar puisque, sous la pression de l’Union Européenne, les pays d’entrée – tout comme les pays avec un haut quota de refus de demandes d’asile – renvoient les personnes concernées vers leur pays d’origine, ceux-là mêmes que ces personnes ont fuit. Ainsi, la Norvège a déjà approuvé des renvois en Afghanistan,  l’Italie – et aujourd’hui la France – expulse vers le Soudan, sous l’aile des accords stipulés dernièrement entre chefs d’état européens et dictatures d’Afrique.

Les outils de contrôle des personnes « non-souhaitées » sur le territoire français se fondent sur une politique de dispersion et de non-transparence pour faciliter la mise en pratique des expulsions. Cette politique d’enfermement et d’isolement mise discrètement en place par l’État permet donc, à la fois, de limiter le contact et la communication entre personnes illégalisées et soutiens solidaires, de dissimuler sa sinistre politique de rejet et aussi de masquer les révoltes et protestations qui peuvent s’en suivre. Ce système coercitif destiné à maintenir dans l’ombre les personnes en attente de décision se matérialise physiquement partout sur le territoire dans ces divers lieux d’enfermement : centres de rétention, zones d’attentes aux frontières, aéroports et gares, prisons de droit commun pour les personnes refusant leur expulsion… Les nouveaux centres créés, tels les CAO ou les PRAHDA, remplissent également ces fonctions de concentration, contrôle et dissimulation. Leur gestion, déléguée à des associations concourantes sur des marchés publics, peut bien s’apparenter, pour ces dernières, à une collaboration, à un rôle de « tampon » entre les publics et l’État.

Les expulsions vers les pays d’origine augmentent.  Depuis décembre 2016, une 30taine de Soudanais se sont vus menacés d’expulsion vers le Soudan, et certains d’entre eux l’on effectivement été. En effet, les autorités françaises ont entamé ces derniers mois des procédures d’expulsion pour un nombre croissant de demandeurs d’asile en provenance du Soudan sans prendre en compte la situation de guerre qui sévit dans plusieurs régions de ce pays et notamment au Darfour, dans les Monts Nouba, dans le Nil Bleu (le Quai d’Orsay déconseille fortement au ressortissants français de se rendre dans ces zones), ni les atteintes graves contre les droits de l’Homme dans l’ensemble du pays. La France semble ignorer que le général Omar El Bechir est le seul chef d’État en exercice qui soit poursuivi par le Tribunal Pénal International (TPI) pour des accusations de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. La France ne semble plus se souvenir non plus que les dispositions des conventions internationales interdisent le renvoi d’un demandeur d’asile dans son pays d’origine, si cela doit mettre sa vie en danger.

On peut alors se demander pourquoi, alors que les conditions de vie dans les pays fuit par les demandeurs et demandeuse d’asile ne se sont pas améliorées voire ont même empiré, les expulsions vers leurs pays d’origines continuent d’augmenter.

La réponse c’est le profit.

Les profits de quelques uns à la tête des États européens et de certains des pays où les populations souffrent et qu’elles quittent en traversant les frontières les plus mortellles du monde.
Le profit au détriment des gens qui arrivent en France et en Europe après une traversée périlleuse de la Méditerranée et un voyage long et éprouvant à travers plusieurs pays avec les conséquences physiques et psychologiques que l’on peut imaginer sur ces personnes quittant leurs pays et leurs familles.
Arrivés en France, ils sont contraints de dormir dans les rues des grandes villes et déposent leur demande d’asile dans des conditions indignes malgré l’aide et les efforts déployés par les ONG.

Dans cette logique de profit, la politique des expulsions est donc intégrée dans une politique beaucoup plus large d’externalisation des frontières européennes dans des pays tiers (Lybie, Turquie…) et les pays d’origine des demandeuses et demandeurs d’asile.
Des accords (Accord de la Valette, Processus de Khartoum, Accord avec l’Afghanistan) facilitent les expulsions des demandeuses et demandeurs d’asile depuis l’Europe et donnent des fonds européens directement aux dictateurs de l’Afrique pour contrôler leurs frontières. L’exemple du financement direct d’une ancienne milice de Djanjawids (les acteurs principaux des violences au Darfour) qui contrôle la frontière du Soudan avec la Libye.
Les dictateurs de ce monde en profitent bien : sous couvert d’accords et des fonds européens ils peuvent cacher les violences contre leur population et améliorer leur image auprès de la communauté internationale. Cela va se traduire cette année lors du G20 à Hambourg en Juillet et lors de la « Conference d’Afrique » à Berlin en Juin. Ces deux évènements ciblent officiellement « le partenariat international », ce qui signifie  : plus de fonds et d’accords pour fermer les frontières.

MOBILISONS-NOUS CONTRE CETTE POLITIQUE.
LIBRE CIRCULATION ET INSTALLATION POUR TOUT.E.ES.

Cette mobilisation n’entend pas se fixer sur des moyens d’actions, ou sur un discours politique particulier. La diversité des réalités locales engendre la diversité des pratiques, retrouvons nous autour d’un mot d’ordre clair et fort :

Contre les expulsions, brisons l’isolement !

Nous appelons à une journée d’action le 7 Juin, qui prendra la forme que chaque collectif ou individu jugera la plus opportune (manifestation, rassemblement, retransmission directe de témoignages de détenus à la radio, diffusion de lettres, collage d’affiches…).

À Marseille : Rassemblement  le 7 Juin à 17h30 devant la Préfecture Place Félix Baret

Pour coordonner les actions : collectifsoutienmigrantes13@riseup.net

Solidarité avec les personnes en lutte contre les expulsions

Depuis le démantèlement de la jungle de Calais, et au fil des expulsions incessantes des campements installés ici et là, de nombreux demandeurs d’asile sont envoyés dans les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) disséminés dans toute la France. Dans ces centres dits d’« accueil », ils sont en réalité mis sous contrôle social et administratif et soumis à un véritable tri qui se solde pour beaucoup d’entre eux par un arrêt de réadmission vers le premier pays européen où ils ont été enregistrés, en vertu des Accords de Dublin III.

A Embrun, dans les Hautes Alpes, 21 demandeurs d’asile viennent de mener 10 jours de grève de la faim afin de s’opposer au renvoi en Norvège de deux d’entre eux, sous le coup de Dublin III. Il demandent la non-application de la procédure Dublin pour l’ensemble de leur groupe.

À Bordeaux, des demandeurs d’asile en procédure Dublin hébergés au CAO de Mérignac ont été enfermé au centre de rétention de Bordeaux suite à leur arrestation lorsqu’ils se rendaient à des convocations en préfecture. Ils sont 11 maintenant en grève de la faim.

De nombreuses luttes des personnes en CAO ont eu lieu depuis le début de l’année, pour demander l’annulation de l’application du règlement Dublin. Sous la pression des exilés venus de Calais, largement mobilisés, les promesses de Cazeneuse ont fini par être tenues, annulant les arrêts de réadmission. Mais pour les autres la machine à expulser continue. L’État mets en place de nouveaux dispositifs, les Programme d’Accueil et d’Hébergement des Demandeurs d’Asile (PRADHA) dont la mission sera notamment la « « préparation du transfert des personnes sous procédure Dublin et suivi, le cas échéant, des personnes assignées à résidence dans ce cadre ».

L’application des accords de Dublin signifie le renvoi dans des pays où les conditions d’accueil sont de plus en plus dégradées et les violences monnaie courante. La prise d’empreinte permettant le fichage des migrant-e-s et leur renvoi dans les pays d’arrivée est d’ailleurs imposée de force dans la plupart des cas, voire par la torture, comme le montrent les témoignages en Italie et ailleurs.

Être renvoyé en Italie, Grèce, Espagne, Hongrie ou dans les Balkans, comme c’est souvent le cas, c’est aussi et surtout risquer de voir sa demande d’asile refusée et être expulsé, en vertu des accords internationaux, vers des pays tiers (Lybie, Turquie…) ou les pays de départ où, bien souvent, c’est la mort.

Mettons fin à Dublin III ! Soutenons les demandeurs d’asile en lutte à Embrun, Bordeaux et ailleurs !!

Liberté de circulation et d’installation pour tous et toutes !


Dublin III, c’est le règlement européen qui permet aux Etats de renvoyer la responsabilité de l’accueil des exilé.es aux 1er pays d’entrée en Europe, qui sont jugés responsables de ne pas avoir suffisamment « sécurisé » leurs frontières et permis leur entrée dans l’espace Schengen. C’est décider à la place des personnes où elles devraient s’installer et vivre.

Dublin III, c’est le fichage électronique de ces exilé.es, lors d’un 1er contrôle de police en Europe. Les empreintes prises de gré ou de force sont versées à un fichier européen unique appelé EURODAC, accessible à toute administration d’État, qui peut s’en prévaloir pour justifier des mesures d’expulsion internes en Europe.

Dublin III, c’est un compromis politique entre les Etats européens concernant l’accueil des exilé.es, mais c’est surtout une pratique de sous-traitance et de pressions sur les pays du sud de l’Europe par les pays du Nord. Ces 1ers pays d’entrée sur le continent sont évidemment, de fait des routes migratoires, les pays du sud de l’Europe : Italie, Grèce, Espagne, Hongrie/Balkans. Près de la moitié des personnes souhaitant demander l’asile en France sont empêchées de la déposer au titre de Dublin III. 50% d’entre elles risquent le renvoi vers l’Italie.

Les conditions de prise d’empreinte dans ces premiers pays sont souvent violentes : Amnesty International, dans son dernier rapport sur l’Italie, parle de cas d’électrocutions. Et les conditions d’accueil de plus en plus dégradées : le droit d’asile n’est souvent plus effectif. Comment peut-il l’être dans les camps en Grèce, en Macédoine, en Italie, où même la survie élémentaire est entravée ? Quand elles existent, les procédures d’asile sont expéditives, à charge et très peu garanties (assistance, traduction, recours).

L’Italie a également signé des accords de coopération policière pour refouler les personnes vers la Libye (!), le Niger et le Soudan (!!), sous-traitant à son tour la « politique gestionnaire » des migrant.es. On parle d’ « externalisation » à des pays tiers à l’Europe, via des marchés juteux (plusieurs milliards versés à la Turquie) ou des accords de coopération (partenariat euroméditerranéen au Maroc) pour « contenir » les réfugiés.

Dublin III, c’est donc une logique de refoulements en cascade, une pratique d’expulsion déguisée (avant-même que la personne n’ait pu exercer un réel droit d’asile en Europe), une bonne excuse pour les États pour se soustraire à leur devoir d’asile et une politique concertée entre eux qui vise principalement à renvoyer les gens vers les pays de départ. C’est la ségrégation, le racisme et la sélection des populations érigées en politique d’Etat.

Dublin III, c’est la justification légale du retour brutal et militaire des frontières, y compris dans la Roya.
Et des milliards d’euros balancés dans les dépenses militaires, sécuritaires, technologiques, construction de camps, etc… profitant à un certain secteur privé.

Mettons fin à Dublin III !

Le 12 et 13 mai : week-end festif et de rencontres à Lauris pour le collectif El Manba

Il y a un an, nous faisions connaissance avec Al Manba au Café
Villageois de Lauris (84).

Al Manba est un collectif autogéré par des migrants faisant escale à
Marseille et leurs amiEs solidaires. Un an plus tard, Al Manba continue
d'accompagner les copainEs soudanaiEs, djiboutienNEs, érythréenNEs,
syrienNEs... toujours la même urgence de fraternité.
https://elmanba.noblogs.org/home/

Le café Villageois de Lauris est content d'accueillir à nouveau Al Manba
et d'échanger ensemble sur le thème des migrations, à la rencontre des
histoires d'hommes et de femmes, d'ici ou de là. Les regards, les mots,
les rires, les mains, les plats échangés seront notre histoire commune
pour tisser d'avantage de solidarités.

SOYEZ LES BIENVENUeS !

Vous nous raconterez d'où vous venez et ENSEMBLE, nous écouterons des
textes sur la situation des réfugiéEs, nous jouerons, nous cuisinerons,
nous dégusterons des plats marocains et soudanais, nous danserons, nous
cueillerons les premières cerises et surtout nous proposerons des idées
pour tisser plus de liens entre nous, entre villes et campagnes, à la
croisée de nos chemins personnels et collectifs.

Parce que la Provence est une terre d'accueil depuis toujours et que
tous nos parcours de migration nous mènent à nous rencontrer ici,
maintenant et à vivre ensemble.
Parce que de tout temps, ceux qui doivent quitter leur contrée dans la
peine méritent un accueil chaleureux...
Un WE pour se rencontrer et comprendre pour agir avec Al Manba

PROGRAMME :

Vendredi 12 mai

20h : Repas marocain
préparé par Nouela et Mohamed
(au bénéfice d'Al Manba, réservation très conseillée au 06 65 65 02 83)

21h : présentation d' Al Manba

21h30 : THÉÂTRE
Lecture de textes
sur la situation des réfugiéEs

Avec le collectif de soutien migrants de la Tour d'Aigues
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Samedi 13 mai

10h-12h : marché d'Apt
débat de rue sur la question de nos migrations

15h-18h au Café
- friperie de soutien (apportez et/ou achetez à prix libre de soutien),
exposition,
jeux en bois...
- Atelier cuisine soudanaise

18h-19h30
ateliers participatifs :
Comment agir avec Al Manba? Actions de soutien, liens ville-campagne...
vos idées.

19h30 : repas soudanais
(Au profit d'Al Manba, réservation très conseillée
au 06 65 65 02 83)

21h : CONCERT SOUL#
3 musiciens pour un répertoire varié Soul, Pop, Rock, Rn'B, Latin
original pour un concert 100% live.