El Manba

Never Going Back

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SQUAT ST-JUST / Les voix intérieures / Journal de la maison

Dimanche 30 décembre 2018

Mardi 1er janvier 2019, cela fera 2 semaines que le SQUAT ST-JUST a ouvert ses portes.

Investi le mardi 18 décembre et voué à accueillir les Mineur.e.s Isolé.e.s Etranger.e.s, l’ouverture s’est étendue aux enfants et à leur mère, aux enfants et à leurs parents et aux enfants et à leur famille. Les hommes seuls et femmes seules, ne peuvent malheureusement pas être accueilli.e.s. C’est une position discutable mais qui a été discutée. Elle est difficile à vivre au jour le jour mais trouve son sens dans le combat mené auprès du conseil départemental pour qu’ils mettent à l’abri ces mineur.e.s comme il en a la responsabilité.

Aujourd’hui, ce sont 188 personnes qui habitent le lieu. Deux bébés, Tiger et Princess, y sont déjà né.e.s et nous attendons depuis cette nuit une troisième naissance !

La première semaine, au rythme effréné, a été riche, mouvementée, intense.

 

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MANIFESTATION DE SOUTIEN PACIFIQUE A LA REVOLUTION SOUDANAISE EN COURS

SAMEDI 29 DECEMBRE// DEMAIN 14h30// RDV Fontaine des Danaïdes Réformés (Marseille)/// a l’appel des Révolutionnaires soudanais et leurs soutiens //// MANIFESTATION DE SOUTIEN PACIFIQUE A LA REVOLUTION SOUDANAISE EN COURS, A CELLES ET CEUX QUI SE MOBILISENT POUR LA CHUTE DU REGIME D’AL BACHIR.

سلام كل الشباب السوداني بمدينة مارسيليا، دي الدعوة بتاعت المظاهرة التضامنية في مارسيليا ح تكون يوم السبت29/12/2018 ، الساعة 14h-17h30. بداية المظاهرة ح تكون من مترو réforme Canebière ،و بعد داك ح نتحرك من هناك لغايتها veux portو حنمشي بشارع rue de paradis لغايت ما نصل place de la préfecture de Marseille.
تعالوا كتار و شكلوا حضور انيق و مظاهرة سلمية سلمية ضد الحرامية ، عشان نوصل صوتنا للمجتمع الدولي و نساعد اخوانا الثوار اللي في الميدان السوداني .

 

Une seule nuit à la rue c’est déjà trop !

Voici le communiqué de presse envoyé hier soir aux médias pour les informer de l’ouverture d’un lieu à Marseille, dédié à l’accueil des Mineur·e·s Isolé·e·s Exilé·e·s ainsi que des familles exilées, à la RUE. Les habitants de ce nouveau lieu font un appel aux soutiens et aux solidaires pour toute aide alimentaire, matelas et literie, vêtements, mobilier ou électroménager ainsi qu’aux bonnes volontés ! Les habitants exilé·e·s et solidaires vous attendent au 59 rue Saint-Just ! 07 53 42 32 75 – collectif.mie.13@gmail.com

Après avoir fait face à de nombreuses souffrances (tortures, prisons, viols, pertes de proches…) des dizaines d’enfants accompagné·e·s ou non se retrouvent confronté·e·s à un nouveau cauchemar : la rue et tous les dangers qui y sont liés.

Encore aujourd’hui, tou·te·s les mineur·e·s arrivé·e·s en France passent de nombreuses nuits, et souvent plusieurs semaines, dehors sans avoir accès à une mise à l’abri. Pourtant, selon la loi et le Code de l’Action Sociale et des Familles, toute personne se déclarant mineure et isolée doit être hébergée et nourrie par le Conseil Départemental (CD) en attendant l’évaluation de sa minorité et de son isolement. Le juge des enfants prononce ensuite une Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) qui enjoint au CD de placer le jeune dans un foyer où il ou elle sera pris·e en charge, c’est-à-dire nourri·e, logé·e, soigné·e, accompagné·e dans sa scolarité et sa formation.

Nous réclamons encore et toujours :

 

  • l’arrêt des mises à l’abri à l’hôtel qui sont de fait dépourvues de tout accompagnement de qualité
  • l’ouverture de foyers d’urgence pour mineur·e·s seul·e·s ou non, pour que plus aucun·e enfant ne dorme à la rue ne serait-ce qu’une seule nuit
  • l’ouverture de maisons d’enfants pour les mineur·e·s et d’autres solutions
    d’hébergement pour les enfants accompagné·e·s de leurs parents

 

  • l’égalité dans la prise en charge sans distinction de l’origine pour tou·te·s les enfants


Après l’occupation de l’église Saint-Férréol, les nombreux rassemblements devant l’ASE et le campement solidaire devant le CD, les réponses apportées par les institutions demeurent insatisfaisantes. Face à l’urgence de ces situations rapportées par les jeunes, les organisations issues du collectif MIE 13 et leurs soutiens se trouvent aujourd’hui contraint d’imaginer un hébergement alternatif via l’occupation d’un bâtiment vide.

Ce lieu est dédié spécialement aux enfants qu’ils ou elles soient accompagné·e·s ou non. Ils et elles pourront y trouver un hébergement sécurisant et chaleureux, mais également un espace de partage où les solidaires se relayeront pour proposer un soutien dans les démarches administratives, une aide alimentaire, des cours de français et d’autres activités ludiques.

En parallèle, nous exigeons que le CD assume ses responsabilités et développe ses services grâce à son important parc immobilier, ses moyens financiers et humains afin de tout mettre en œuvre pour accueillir et accompagner dignement tou·te·s ces enfants.

Tous les soutiens sont les bienvenus !

Vous pouvez nous contacter au 07 53 42 32 75 ou par mail à collectif.mie.13@gmail.com 

Le collectif MIE 13 vous invite au rassemblement devant le CD le mardi 18 décembre à partir de 17h, nous irons ensuite ensemble dans ce lieu pour y partager un repas chaud.

Pourquoi nous refusons les expulsions Dublin

Nous sommes de différents pays.

Nous portons plainte contre l’Italie

pour dénoncer les mauvais traitements à l’encontre des populations étrangères.

Nous refusons les expulsions de la France vers ce pays xénophobe.

Car nous ne regarderons plus derrière nous !

Quelques soient les raisons qui nous ont poussé à quitter notre pays, nous affirmons notre liberté de nous installer dans le pays de notre choix. Nous ne demandons pas beaucoup, que les libertés les plus élémentaires que nous sommes venus chercher ici. Nous souhaitons aussi pouvoir travailler, avoir un logement et une vie décente. Nous avons traversé des frontières au péril de notre vie. Nous n’avons pas affronté cela pour nous faire renvoyer en arrière, refouler au gré des négociations politiques sur notre dos.

Et nous voulons la justice !

En Italie, nous n’avons pas trouvé nos droits fondamentaux. Seulement la tyrannie et l’oppression dans les administrations, les rues et les campos. Nous avons été traités comme des marchandises par des entreprises qui se cachent sous les noms d’associations caritatives. L’Italie nous a privés de protection et a prolongé la détresse psychologique des nôtres, qui ont survécu aux dangers des dictatures, de l’esclavage et de la fuite en Méditerranée. Nous portons plainte contre l’Italie pour montrer que les libertés fondamentales des populations étrangères y sont bafouées, que les traitements inhumains sont la règle dans les campos et que les normes minimales d’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile n’y sont plus respectés depuis longtemps.

  • Parce nous refusons de nous laisser dicter notre vie par le Règlement Dublin,

qui permet aux Etats de se soustraire indéfiniment à la responsabilité d’une demande d’asile !

  • Parce que nous ne voulons plus être réduits au silence sur le banc des accusés,

dans les salles d’audience des tribunaux administratifs ou dans les centres de rétention,

…où nous sommes enfermés comme des criminels !

  • Parce que nous continuerons à inventer les moyens de notre autodétermination !

Nous accusons l’Etat italien :

De défaillances humanitaires multiples et de maltraitances dans la quasi-totalité des campos (surpopulation, omniprésence policière, refus de communication avec les proches, chantage aux droits, racket), d’entraver l’accès aux soins des personnes vulnérables, de multiplier les moyens de contrôle par le fichage abusif, les assignations dans les campos et les déplacements forcés d’un camp à l’autre, d’encourager le travail forcé et la traite, de décourager les démarches d’accès au droit d’asile en posant des entraves à l’accès effectif aux procédures, de refuser l’accès aux dispositifs d’intégration sociale, au contraire de prôner la ségrégation et l’isolement, parfois via des circulaires préfectorales nous interdisant les attroupements ou la fréquentation des lieux publics, de ne pas fournir les garanties minimales de protection contre les discriminations et les violences racistes, souvent du fait de la police elle-même.

Nous refusons d’être rejetés dans la spirale infernale des frontières européennes !

De nos expériences dans les campos italiens jusqu’aux témoignages des personnes refoulées vers les aéroports italiens, nous avons la certitude que l’Italie n’a jamais eu l’intention d’accueillir les demandeurs et demandeuses d’asile qui arrivent en Europe. Nous savons aussi que la situation est pire après un 1er refoulement en Italie : les conditions matérielles d’accueil sont définitivement coupées, l’accès aux soins aussi. Cela explique que beaucoup d’entre nous fuient à nouveau de l’Italie vers la France. Mais la loi du 20 mars 2018 en France criminalise davantage les demandeurs et demandeuses d’asile sous le coup d’une procédure Dublin, surtout quand ils tentent de faire valoir à nouveau un droit d’asile après un 1er refoulement.

Faisons bloc contre l’offensive raciste lancée par Salvini et ses complices européens !

Après la désignation d’un gouvernement Ligue du Nord en Italie et les annonces fascistes de Salvini son représentant (500.000 expulsions, appel aux migrants à « faire les valises », promesse d’un « coup de ciseau » dans l’accueil des demandeur.euses d’asile, fermeture des ports aux bateaux de sauvetage), le climat politique xénophobe s’est généralisé et les crimes racistes se sont multipliés. Le nombre de personnes qui fuient par-delà la frontière franco-italienne a doublé. Mais Salvini n’est pas le seul représentant d’Etat à faire usage de ce populisme : d’autres dirigeants européens lui ont emboité le pas. En France, la soi-disant politique d’accueil de Macron/Collomb ne cache plus la réalité de la coercition dans les centres pour demandeur.euses d’asile (CAO, PRAHDA, CRA) ; encore moins la militarisation frénétique de la frontière à Briançon, Vintimille ou Calais ; et la répression de toute forme de contestation contre cet ordre violent du monde.

Organisons-nous ici et maintenant

contre les politiques racistes et répressives à l’encontre des nôtres !

Luttons ensemble contre toutes les expulsions !

Rassemblement pour les mineurs – 17h – Mardi 18 Décembre

Des associations membres du collectif MIE 13 (mineurs isolés étrangers) appellent à un rassemblement le 18 décembre à 17h en face du conseil départemental de St. Just. À 19H grand repas partagé pour continuer à rester solidaire avec les mineur·e·s à la rue. À l’occasion de la journée internationale des migrant·e·s pour dénoncer à nouveau la politique du département en matière de prise en charge des mineurs isolés étrangers et en solidarité avec tou·te·s les jeunes à la RUE, venez nombreu.x.ses.

Les « 7 de Briançon » ont été condamnés

(par cqfd-journal.org)

En avril, les « 7 de Briançon » avaient manifesté contre des militants d’extrême droite venus chasser les migrants à la frontière franco-italienne. Accusés d’avoir aidé des exilés à pénétrer en France, ils viennent d’être condamnés à des peines de prison.

Par Baptiste Alchourroun {JPEG}

« Où étiez-vous le 21 avril ? », demande la présidente. «  J’étais au refuge de Clavière, répond Theo, 24 ans. Je faisais à manger et je barricadais les entrées, parce qu’on s’attendait à une attaque des Identitaires. » Ce jour-là, dans le Briançonnais, le petit monde du soutien aux migrants est sens dessus dessous : Génération identitaire, groupe d’extrême droite, vient de débarquer à la frontière franco-italienne. Son objectif ? Repousser les migrants tentant de franchir les cols enneigés, pour dénoncer « le laxisme des autorités  ». Cela fait pourtant des mois que les bénévoles solidaires secourent des exilés en perdition dans la montagne, essayant d’échapper à la traque des forces de l’ordre.

Alors, que faire ? Dimanche 22 avril, une conférence était prévue de longue date à Clavière, dernier village italien avant la frontière. « Chez Jésus », dans le squat où sont réunis migrants et militants solidaires, l’idée d’une manifestation émerge. Sitôt dit, sitôt fait : quelque 120 personnes, accompagnées d’une trentaine d’exilés, se mettent en route. Peu après la frontière, un cordon de gendarmes français attend le cortège. Mathieu, 35 ans, tout en filmant, invective les pandores : « Vous n’êtes pas formés pour ça, vous êtes là pour protéger la veuve et l’orphelin. Démissionnez de la gendarmerie, faites autre chose. Pôle emploi c’est mieux !  » Petite bousculade, puis les gendarmes, trop peu nombreux, renoncent. La foule passe et rejoint Briançon, où les exilés sont mis à l’abri.

« Ils ont sauvé des vies »

Six mois plus tard, au tribunal de Gap (Hautes-Alpes), sept manifestants passent en procès. Quatre autochtones (Benoît, Lisa, Mathieu et Jean-Luc) et deux Genevois de passage (Bastien et Théo) sont sur le banc des prévenus. La septième, Eleonora, anarchiste italienne, a décliné l’invitation. Bien lui a pris : les débats vont durer dix-sept heures, ne s’achevant qu’à 1 h 30 du matin. Audience interminable, et pourtant si expéditive… Car ce 8 novembre, les « 7 de Briançon » risquent tout de même dix ans de prison. Pour quel délit ? « Aide à l’entrée irrégulière » d’étrangers sur le territoire français, « en bande organisée ».

Alors, que faire ? D’abord, contextualiser. La frontière, la montagne et ses dangers. Le docteur Max Duez témoigne : « En tant que chirurgien, j’ai sauvé des tas de doigts gelés. Mais si aucun migrant n’a été amputé l’hiver dernier, c’est grâce aux maraudeurs. Sans eux, il y aurait eu bien plus de trois morts. Ceux qui sont accusés aujourd’hui sont les mêmes qui ont sauvé des vies.  » Pour la présidente, ce n’est pas le sujet : «  Le tribunal est saisi de faits précis, on n’est pas à l’Assemblée nationale ou au Sénat pour faire un débat de société. » Les prévenus insistent : « Il y a trois éléments de contexte importants, résume Benoît, 49 ans. D’abord, la militarisation de la frontière, qui fait prendre de nombreux risques aux exilés ; on a des témoignages qui attestent de courses-poursuites, de délaissements de personnes nécessitant des soins sur la voie publique. Ensuite, il y a Génération identitaire ; on sait tous que ce sont des gens dangereux. On ne pouvait pas leur laisser notre montagne comme ça. Et puis, il y a le rapport de la Commission consultative des droits de l’homme sur la zone de non-droit qu’est devenue cette frontière. » Un texte qui établit notamment que « les personnes migrantes [y] subissent des traitements inhumains et dégradants  ».

« Fallait-il qu’ils les chassent ? »

Ensuite, que faire ? Revendiquer haut et fort la victoire qu’a représentée la manifestation contre le système des frontières ? Les avocats de la défense s’y refusent. «  Il y a un aléa judiciaire assez considérable et de toute façon, le procès a servi de tribune politique, justifiera Me Vincent Brengarth après l’audience. En termes déontologiques, c’est quand même difficile de prendre le risque pour son client d’une défense de rupture qui l’expose à une peine d’emprisonnement aussi lourde – surtout quand vous avez un dossier qui permet juridiquement de plaider la relaxe. »

Le dossier d’accusation, il est vrai, n’est pas franchement accablant. Certes, les vidéos sont formelles : les prévenus ont participé à la manifestation. Mais rien ne vient étayer leur responsabilité individuelle. « Je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi ces sept-là ont été extraits de la masse [des manifestants] », raille d’ailleurs l’avocat. Y a-t-il une preuve qu’un prévenu en particulier a « forcé » le barrage des gendarmes ? Empêché le contrôle d’un exilé par un gendarme ? Non. D’ailleurs, à part des a priori basés sur leur couleur de peau (noire), qu’est-ce qui démontre que ces « migrants » étaient en situation irrégulière ? Pas grand-chose. En tout et pour tout, le procureur n’a pu retrouver qu’un seul sans-papiers ayant pris part à la marche. Pour Me Henri Leclerc, les prévenus «  ont fait une manifestation sans demander les papiers de ceux qui venaient avec eux. Bien sûr qu’il y en avait [des migrants]. Fallait-il qu’ils les chassent ? »

«  La manifestation était spontanée, décrit Benoît. Elle n’avait que deux objectifs : dénoncer la militarisation de la frontière et les actions de Génération identitaire. » Un brin bancale, cette stratégie de défense vacille par moments. « Si je comprends bien, questionne le procureur, aucun d’entre vous ne revendique le fait d’avoir voulu ce jour-là faire entrer des personnes étrangères sur le territoire national ? » Silence. Le parquetier enchaîne, ressort des communiqués victorieux [1] publiés après la manifestation sur les réseaux sociaux. «  Vous dites à tout le monde que vous n’êtes pas solidaires de ça ? Aucun ?  » Silence gêné.

Le procureur demande du sursis et du ferme

C’est l’heure des réquisitions. Faute d’éléments suffisants, le procureur renonce à la circonstance aggravante de « bande organisée ». Les prévenus ne risquent « plus que » cinq ans de prison. Cinq d’entre eux n’ont pas de casier judiciaire : le procureur requiert six mois de prison avec sursis [2]. Les deux autres manifestants ont des antécédents judiciaires et ne sont pas jugés uniquement pour « aide à l’entrée irrégulière ». Mathieu est accusé d’avoir résisté physiquement à une tentative d’arrestation (« rébellion ») – lui, parle de violences policières et d’une entorse cervicale. Le procureur demande quatre mois de prison ferme, et huit de sursis. Même réquisition contre Jean-Luc, 52 ans, accusé de «  délit d’attroupement ». Lors du rassemblement « Passamontagna » à la frontière en septembre, il ne se serait pas dispersé de la masse des manifestants après sommations – lui dit que ce jour-là, il est toujours resté en Italie.

En défense, Me Henri Leclerc revient sur les principes. Pour lui, les prévenus « sont des gens qui se souviennent de l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme », qui stipule que « les êtres humains […] doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité  ». Aux yeux de l’avocat, les « 7 de Briançon » « n’ont fait que ça ».

Le tribunal suit le procureur

Ce jeudi 13 décembre, le tribunal a finalement rendu son jugement. Les sept prévenus ont été jugés coupables et condamnés aux peines demandées par le procureur. Cinq d’entre eux écopent donc de six mois de prison avec sursis, les deux autres de douze mois d’emprisonnement (huit avec sursis et quatre ferme, mais aménageables : en toute logique, aucun d’entre eux n’ira réellement en prison). Ils ont l’intention de faire appel.

« L’enjeu, c’était de savoir si la justice allait confirmer l’engagement de l’État auprès des identitaires et contre les personnes solidaires, a résumé Benoît, l’un des prévenus, habitué des maraudes de secours dans la neige. L’État et la justice ont fait le choix de la mort. Nous, on continuera d’être là pour accueillir la vie qui vient. »

Et Mathieu d’adresser ce message à toutes les personnes de bonne volonté : « On appelle tout le monde à venir en montagne nous filer la main, pour que le col de l’Echelle et le col de Montgenèvre ne deviennent pas des cimetières. Et peu importe si on a les flics au cul. »


Ça, c’est dit

Du banditisme à l’humanitaire

Jean-Luc : « J’ai fait des braquages, du trafic de stupéfiants et on attend que je me lance dans l’humanitaire pour me coller une “ bande organisée ” !  »

Les courgettes du RSA

La présidente : « Monsieur, vous êtes au RSA ? » Mathieu : « Oui, je suis au Revenu de solidarité active, ce qui m’oblige à être actif solidairement. » La présidente : «  Et vous, vous êtes au RSA ? » Jean-Luc : « Euh… non, euh… oui, enfin, je devrais l’avoir bientôt. Mais vous savez, je n’ai pas besoin de grand-chose. Je vis en squat, je mange du riz et des courgettes.  »


(Cet article a été mis à jour ce jeudi 13 décembre, jour du prononcé du jugement. La première version avait été publiée début décembre sur papier dans le numéro 171 de CQFD, toujours en kiosque.)

Notes

[1« Pour une fois, personne n’a été obligé de se cacher dans la nuit et dans la neige » pour franchir la frontière, se félicitait par exemple sur Facebook le refuge-squat « Chez Jésus ».

[2Bastien, Theo et Eleonora avaient déjà subi neuf jours de détention provisoire au printemps.

Un nouveau refuge autogeré s’ouvre

Aujourd’hui a été ouverte la CASA CANTONIERA à Oulx, un bâtiment vide et inutilisé depuis des décennies. À partir d’aujourd’hui, il s’agit de lui redonner vie : contre les frontières et le diapositif qui les soutient et les détermine. Contre le Décret Salvini et sa politique de répression et de guerre aux pauvres. Pour un monde où toustes puissent choisir où et comment vivre.
La situation à la frontière continue à empirer: la militarisarion est croissante, l’hiver est désormais arrivé. Le système de contrôle et de gestion toujours plus fort vient s’imposer sur toustes celleux qui, sans les bons papiers, continuent à vouloir traverser cette ligne imaginaire appelée frontière. Le Refuge Autogeré Chez Jesus, local occupé sous l’église de Clavière, a été expulsé depuis presque deux mois. Depuis ce jour, les personnes qui se perdent et risquent leur vie et leurs membres en montagne sont toujours plus nombreuses, aussi car elle n’ont ni les informations ni l’habillement adapté pour affronter le voyage. Sans espace et sans temps pour pouvoir s’organiser, se reposer, et repartir.

Ce lieu veut egalement être cela.

Un refuge autogeré pour celleux qui sont de passage, et qui ont besoin de plus de temps pour s’organiser que les quelques heures nocturnes offertes par les salesiens.

Un lieu pour pouvoir s’organiser, contre les frontières sur ces montagnes ainsi que contre celles en ville, et le système qui leur est relié.

Le Décret Salvini est une déclaration de guerre aux pauvres.
Une guerre aux immigréEs, toujours plus exploitable, sous la constante menace des papiers, Centre de Rétention ou Deportation. A toustes celleux qui cherchent, par tous les moyens, à s’opposer au système de sélection, contrôle et exclusion qui sévit dans cette societé.
Aux indésirables en général qui sont jetéEs en dehors des centres habités, toujours plus repriméEs, contrôléEs, exploitéEs.

Organisons-nous.

A partir de 15 heures cette après midi, nous invitons toustes à un repas partagé musical.
Quiconque souhaite passer, pour soutenir, discuter, participer aux travaux est la bienvenue !

Il y à besoin de matériel, matelas, couvertures, vétements chauds, chaussures de rando, chaussettes, gants, chapeaux, poêles, tapis, nourriture.
Nous voulons nous organiser ensemble pour faire en sorte que cette frontière, ainsi que toutes les autres, n’existent plus.

Rencontres Hébergement Solidaire Al Manba – Samedi 8 à 12h

Nous vous proposons de nous retrouver le samedi 8 décembre à midi au Mamba pour nous rencontrer, passer un moment convivial et militant, discuter, entendre nos questions, nos points de vue, réfléchir donc, pour avancer ensemble sur le sujet de l’hébergement solidaire autour d’une tablée façon auberge espagnole !

Nous partirons de nos expériences et de nos pratiques pour élaborer des savoirs-faire et des savoirs communs.

Vous n’avez encore jamais hébergé, vous avez des questions, vous avez envie de partager une expérience, un cas particulier qui soulève des doutes chez vous, vous avez envie de partager vos pratiques et vous informer de celles des autres ? Vous êtes la et le bienvenue!
Nous construirons aussi nos échanges avec les expériences et les réflexions des personnes hébergées ou qui souhaitent l’être. Nous apprendrons ainsi les un.e.s les autres.

N’hésitez pas à faire tourner l’information. Des livrets « Héberger c’est légal » (que vous pouvez télécharger ici : https://elmanba.noblogs.org/files/2018/03/GUIDE-HEBERGEUR-2018-FINAL-8.pdf) seront également disponibles.

Face à la stratégie de pourrissement et de découragement des institutions qui scotchent les gens à la rue sans ressources (que ce soit l’OFII ou l’ADDAP13 ici à Marseille) , l’hébergement solidaire – et organisé collectivement – est une pratique de solidarité directe au-delà de l’humanitaire et du caritatif. Elle pointe les responsabilités politiques et tente de construire d’autres rapports entre les humains ici et maintenant.